La pratique agissant sur les différents corps : physique, énergétique, spirituel, construit un nouvel état d’Être:  la pratique du Shéndào神 produit une transformation de notre état intérieur.

 

Grâce à la précision de l'enseignement, la pratique s'effectue dans une attitude intérieure d’attention et  de vigilance qui nous amène à :

 

- Développer des capacités de présence et d’observation à ce qui « fait et réalise» le mouvement, dans un état de douceur, et de non pensée .

- Porter sa vigilance sur une partie du corps en mouvement, tout en observant la partie et le tout,

- S’ouvrir aux nouvelles sensations organiques, tissulaires, musculaires, énergétiques

- Construire et densifier nos corps, sans mentaliser, ni vouloir contrôler, sans attente ni recherche d’un résultat.

 

Nous sommes amenés à découvrir, ressentir et expérimenter :

- la physiologie énergétique du mouvement et « ce qui fait » le mouvement.

- La structure énergétique et son fonctionnement.

- La sensation palpable et non mentale de notre structure énergétique, et de ses différentes couches.

 

En nous reconstruisant, pas à pas, selon ces structures (énergétiques et physiologiques), en appliquant des techniques et des principes rationnels, nous structurons et densifions notre 1er corps énergétique, celui qui soutient notre corps physique, et qui est le siège de notre vitalité, de notre santé et le réservoir de nos potentiels (le DANTIAN inférieur).

 

Ce 1er niveau génère une transformation qui fera prendre conscience du DANTIAN moyen, dont le siège est au centre de la poitrine, et ouvre l’accès à la perception un 2ème corps énergétique, plus sensible, et lié à l’ Émotionnel .

 

La conscience active de la relation entre ces 2 DANTIAN génère un 3 DANTIAN, dont le siège se situe au centre du crâne, et engendrera la conscience d’un 3ème corps énergétique, de nature encore plus subtile, lié au Shen, la « conscience globale ».


Chacune de ces étape permet de renforcer les principes de base, qui produisent un auto nourrissement de tous ces DANTIAN , et les potentialisent en conséquence.

 

 

Le terme "La conscience globale" s'emploie avec précaution, il n'a rien à voir avec le terme galvaudé de "pleine conscience". Il est plus en accord avec le terme "plénitude de l'attention"(S.Weil).

Dans le travail du Qigong, la conscience globale représente un état ultime qui s'obtient suite à un travail d'assimilation intense , étape après étape. Elle n'est pas la conscience de quelque chose, elle est la conscience d'un au-delà des objets de conscience. Elle n'est pas la conscience conditionnelle ou intentionnelle mais au contraire le lieu où la conscience est vide d'objet.

  "Chausser ses semelles de lumière" ou "empreintes de pieds de bouddha blanc"

Galets disposés au sol 3m x 3m

Se mettre en position QIGONG c'est chausser ses semelles de lumière

 L'alignement des 3 Dantian

  sur l'axe central. (Selon J.A.Jhonson)

Les 3 Dantian et leur relation avec les 3 corps énergétiques situés au delà du corps physique.  (Selon J.A.Jhonson)

Les 12 Chakras en rapport avec l'axe central et les 3 corps énergétiques extérieurs.

(Selon J.A.Jhonson)

Qu'est-ce que le Shén?


Merci à Elisabeth Rochat de la Vallée, qui a travaillé sur la question

Shén   (esprit, âme)

dans la religion et la médecine chinoises

 

 INTRODUCTION

1. le sujet

Cet article se concentre sur la notion d’esprit exprimée par le pictogramme chinois shén . Voici quelques traductions possibles et habituelles de ce pictogramme en français: Esprit (s) - âme - dieux - divinité - immortel - être spirituel - esprit - apparence –force du regard - expression - air - surnaturel - merveilleux - mystérieux - miraculeux - - mystique - intelligent - pertinent … En fait, aucun mot français ne traduirait ce que recouvre le pictogramme chinois. Réciproquement, plusieurs autres pictogrammes chinois peuvent transmettre la notion d’esprit ou d’âme et être traduits par esprit ou âme dans le contexte approprié. Comme on pouvait s'y attendre, la notion s’est transformée a évolué dans le temps. Sa compréhension varie également selon le statut d’une personne dans la société (suivant son rang,  son éducation, son environnement,  son origine citadine ou campagnarde, etc.).

La notion de shén fait référence à une réalité ou représente une tentative de nommer ce qui est perçu comme réalité; ce n'est pas une notion  abstraite. Nous pouvons donc comprendre cette notion en nous référant à l’expérience vitale que nous faisons en personne  de ce que nous appelons esprit, âme, être spirituel ou dieu (x), etc. De même si nous partageons avec les Chinois - y compris avec ceux d’il ya 20 siècles - ce qui est constitutif de l’être humain, nous ne devons pas oublier que notre vision, notre univers, nos mots ne sont pas les mêmes que les leurs. Nous ne pouvons donc pas considérer une  notion  quelle qu’elle soit dans le contexte de notre langue actuelle, civilisation, pensée comme équivalente à une notion exprimée en chinois classique. Une autre chose que nous ne devons pas oublier est qu’un mot, un pictogramme est utilisé naturellement à plusieurs niveaux. C’est grâce au contexte que la signification se fait claire. Par exemple, en français, l'utilisation de mots tels que «âme» ou «esprit» diffère selon le contexte, mais nous ne le remarquons guère car nous en comprenons immédiatement le sens. Quelques exemples avec «âme»: «vendre son âme au diable», «l'âme d'un pays », «rendre l'âme »  et d'autres avec« esprit »:« Saint-Esprit »,« raviver les esprits »,« dans un esprit de confiance »,« esprit de corps»,«perdre l’ esprit »,«la force d’esprit »,… Ne pas avoir conscience du contexte conduit à une mauvaise compréhension, à une interprétation erronée, à une idée fausse.

2. Limites de cet article

Cet article ne traite que de la notion telle qu'elle apparaît dans les inscriptions et les textes antérieurs à l'ère chrétienne. Ce qui signifie qu'il n'y aura aucune mention, ni discussion, d'une utilisation plus populaire ou plus générale du terme; plutôt une présentation de la notion dans les œuvres de ceux qui ont été hautement éduqués et ont médité sur la nature et le destin de l'être humain. Inutile de dire que dans le présent document, je suis limitée dans le temps et je ne peux pas entrer beaucoup plus dans les détails.

 

I - LES ESPRITS EN TANT QUE PUISSANCES EXISTANTS EN

DEHORS DU CORPS HUMAIN

 

1. Puissances d'en haut.

Avant la première apparition du pictogramme  lui-même, il existait une forte croyance dans l'esprit des ancêtres ainsi que dans l'esprit en tant que forces naturelles. Ils étaient proches et parfois identiques: un puissant ancêtre décédé pourrait devenir un dieu apparenté  à un phénomène naturel. Au Ciel, ils étaient rassemblés autour de la divinité suprême et lui étaient soumis. Appelée le Souverain ou empereur (Shàngdì  上帝), elle était probablement aussi apparentée au premier ancêtre (de la dynastie, de la lignée du roi). L'un des thèmes le plus souvent relevés sur les inscriptions anciennes (ostéomancie, écriture oraculaire- jiǎgǔwén甲骨文) concerne les esprit- vents. Plus précisément, les Quatre Phénix-Vents, quatre esprits représentés par des phénix (fèng ) qui envoient des influences sur la terre sous forme de vent (fēng). Ils sont envoyés par le Grand Souverain sur les quatre territoires formant la Terre pour donner vie à chacun d’eux en fonction de leur position naturelle. Ce qui semble aujourd'hui être une métaphore était probablement alors  considéré comme une réalité: le vent en provenance du Ciel apporte la vie sur Terre; il pénètre dans la terre par ses ouvertures, telles que les cavernes situées dans les montagnes (fēng xué 風穴), où se réfugient également les phénix au coucher du soleil. Soufflant au printemps, il déclenche le processus de transformation menant à la germination, à la croissance de la végétation et à la maturation des grains.

Il n’existe pas un seul vent, mais plusieurs; traditionnellement, les vents dans leur ensemble sont appelés les huit vents, correspondant aux huit directions du compas. Mais quatre directions suffisent pour situer Quatre territoires exprimant la diversité des formes de vie sur Terre, celles du Sud, du Nord, de l’Est et de l’Ouest. Puisque la Terre reflétait l'ordre céleste, politiquement, tous les clans soumis à l'autorité du souverain occupaient la région centrale. Ainsi, chaque vent apporte de la vie à chaque espace sur la terre, selon ses spécificités, déterminée par sa position. Le vent est un et multiple, de même que l'esprit  shén  神 ou le  . Un, parce que venant d'une source et partageant la même nature et les mêmes fonctionnalités. Multiple, parce que, quand il est exprimé sur Terre, il est toujours spécifique: le vent du nord ou celui de l’ouest, celui qui apporte la pluie ou celui qui provoque la sécheresse… Le vent et l’esprit (et le qi plus tard) partagent les mêmes qualités fondamentales: ils apportent la vie du Ciel vers la Terre, ils entament le processus de transformation qui amène  toute forme de vie à se développer selon ses caractéristiques. Ils permettent la manifestation sur Terre de ce qui est au-dessus. Comme il est dit dans le Shuō wén jiě zì  說文解字:

Les esprits expriment les esprits célestes (Tian shén 天神) qui permettent l’émergence des êtres vivants.

 

2. Le pictogramme  shén 

Le pictogramme apparaît (sous des  formes archaïques) sur les bronzes de la dynastie occidentale des Zhou (1046-770 av. J.-C.), et comporte le sens des esprits des ancêtres, tous les esprits qui sont rassemblés autour du souverain suprême  (Shàngdì上帝). Même dans ses formes archaïques, il est composé de deux parties: et .

A gauche, le radical, le pictogramme shì .

Ce pictogramme très ancien apparaît  comme jiǎgǔwén甲骨文, ostéomancie  (avant le XIème siècle avant JC) portant la signification du lieu où les esprits des ancêtres se manifestent lors du sacrifice (culte des ancêtres), et, par extension, la signification des esprits des ancêtres. Mais dès la dynastie orientale des Zhou  (770 - 221), le pictogramme prend le sens de manifestation, en particulier provenant du Ciel (manifestation céleste), comme augure, présage, avertissement (surtout venant d'en haut); plus tard, il signifiera simplement montrer, manifester, démontrer.

A droite, la partie phonétique, le pictogramme shēn qui semble également jouer un rôle dans la signification, puisqu'il avait été utilisé sur certains bronzes Zhou occidentaux pour signifier le pictogramme complet, à savoir «les esprits des ancêtres». Le pictogramme shēn lui-même a été utilisé depuis des temps très anciens pour indiquer des dates et une période de temps; c'est la neuvième des douze branches terrestres. Il transmet également le sens d’agrandissement, d’extension, d’étirement et de projection, de notification, de rapport (à un supérieur). Considérant les formes archaïques du caractère shēn, on peut voir un homme s'agenouiller et prier, ou voir une extension. La neuvième des douze branches terrestres indique une période au cours de laquelle le maximum d'extension a été atteint, par exemple vers la fin de l'après-midi (9ème heure, de 15h00 à 17h00) ou la fin de l'été. La période au cours de laquelle la végétation s'est complètement développée et étendue s'est également étendue au maximum. Des siècles plus tard, les érudits se sont montrés heureux d'interpréter à posteriori le pictogramme comme interaction du yin et du yang et de le relier à l'action des esprits qui dessinent la végétation et permettent l’émergence des êtres vivants (voir le texte du Shuō wén jiě zì  說文解字 cité ci-dessus).

 

3. Rôle des esprits

Dans les temps les plus anciens, comme avant le Xe siècle av. J.-C., les esprits étaient responsables de presque tout ce qui était bon ou mauvais, sur la Terre et dans la société humaine. Les bonnes choses étaient considérées comme des récompenses et les mauvaises comme des punitions. Lorsque la relation harmonieuse entre les vivants et les morts  était perdue, lorsque les descendants  déplaisaient à leurs ancêtres, ceux-ci pouvaient alors envoyer des calamités telles que la sécheresse ou des maladies épidémiques. Des rituels étaient exécutés pour les louer et  se les concilier ou pour attirer des faveurs et des bénédictions. La divination occupait une place prépondérante dans cette société ancienne et était également perçue comme une communication entre les humains et les esprits. Ils se manifestaient  par le craquement de la carapace de la tortue (ostéomancie) et l’interprétation des caractères répondait à la question posée par le prince et lui  permettait de prendre la bonne décision avec l’appui  de ses ancêtres, l’appui des esprits.

 

4. L'évolution sous la dynastie des Zhou

La relation entre les humains et les esprits a considérablement évolué avec la prise de conscience croissante de la responsabilité humaine. Dans les questions posées lors de la divination, il est à noter que celles concernant les maladies, par exemple, diminuent. Cela est certainement dû aux progrès réalisés en médecine dans la connaissance des causes et des traitements des maladies. Mais il y a aussi un net changement d'attitude: les maladies ne représentent plus simplement le châtiment envoyé par les divinités; dans une plus grande mesure, elles venaient signifier  le résultat d'une mauvaise conduite humaine. Ainsi, à un prince voulant agrandir son territoire, il n’est pas recommandé de prier un esprit et de lui offrir des sacrifices, demandant des faveurs pour lui-même alors qu’il ne  prête pas attention à la situation réelle du peuple. Mieux vaut prendre soin de son royaume et de son peuple et leur assurer la paix et la prospérité. Ainsi, le royaume de ce prince pourra s'élargir et sa puissance grandir grâce à un mouvement naturel, puisque son peuple lui sera loyal et  que les étrangers seront attirés par la richesse du pays. Mais un prince incapable d’harmoniser son propre territoire ne peut plus demander de faveurs; ce serait une contradiction dans l'ordre naturel qu'aucun esprit ne pourrait favoriser. Le prince se rend  incapable d’agir de la sorte lorsqu’il  n'est pas lui-même en harmonie,  lorsqu’il est mu par le  désir et l'ambition égoïstes; cette attitude, il le coupe des esprits. Il n'y a rien de mal à honorer les esprits, à vénérer les ancêtres; mais cela doit être fait par respect et non dans le but d’obtenir des faveurs.

C’est très probablement l’attitude adoptée par Confucius Kǒngzǐ 孔子

(551-479), telle qu’elle est exprimée dans les Analectes  Lúnyǔ 論語:

Fan Chi s’enquiert de la sagesse (zhī ).

Le Maître  répond: "Vous pouvez appeler sagesse (zhī ) le fait de vous consacrer à ce qui est approprié pour le peuple et de faire preuve de respect envers les spectres et les esprits (guǐshén鬼神) tout en les maintenant à distance." (Lúnyǔ VI, 22. Trad. Ames & Rosemont)

Garder les esprits à distance signifie: ne pas les traiter avec désinvolture, avec un manque de réserve et aussi très probablement ne pas les approcher avec des sacrifices pour leur plaire afin d'obtenir des faveurs, comme sur le plan humain le font les courtisans pour gagner les faveurs d'un prince. Respect et distance sont les deux maîtres mots.

 

5. La relation intrinsèque entre les esprits et le Ciel.

 Comme nous l'avons vu, la dynastie Shang (1800 - 1050 av. J-C.) croyait en une sorte de divinité suprême, l'empereur d'en haut (Shàngdì 上帝) qui envoyait des esprits, des phénix ou du vent, comme messagers du monde inférieur pour faire émerger la vie. Une fois cette dynastie déchue par la dynastie Zhou, le rôle de  l’empereur venant d’en haut fut attribué au Ciel. Tiān , Ciel, implique la notion de nature, pouvoir naturel et ordre naturel, ordre qui se cache derrière et au-delà de toute manifestation de la vie, dans toutes les créatures ou productions de l'univers.

Voir par exemple Chūnqiū (printemps et automnes) zuozhuan, première année du duc Zhao.

Voir Chūnqiū zuozhuan 春秋 左傳 32ème année du duc Zhuang.

En résumé, les principales caractéristiques du Ciel (recueillies dans les textes classiques) sont les suivantes:

- Le «ciel auguste» (Huángtiān 皇天), prenant le rôle de souverain suprême, surveille le comportement de chacun sur Terre, confère des châtiments ou des bénédictions

- La puissance atmosphérique naturelle, régulant les saisons, envoyant les différents () sur Terre pour produire toutes les formes de vie et stimuler les transformations qui donnent et maintiennent la vie.

- La puissance qui gouverne et régule toutes les activités naturelles, la nature elle-même, l'ordre naturel partout dans l'univers.

- L’origine commune de tous les êtres, la puissance qui est à l’origine de la vie en tout être et qui dote chaque être de sa vraie nature originelle.

- Ainsi, le pouvoir déterminant le destin individuel, qui consiste à connaître et à remplir sa vraie nature.

- La présence dans le cœur humain d’une sorte de «loi morale», la capacité de discerner l’ordre naturel et de s’y soumettre pour accomplir sa destinée, c’est-à-dire pour l’humain de se comporter dans le sens du destin dont le Ciel ou la Nature l’ont doté. Ou la présence en soi du mouvement spontané de la vie.

Le Ciel envoie son influx sur la Terre, sous forme de trois paires de   , ce qui n'est pas sans rappeler la manière dont l'empereur d'en haut envoie ses esprits sur les Quatre territoires de la Terre:

Le Ciel a six Qi (Tiān yǒu liù qì ), qui en descendant génèrent les Cinq Goûts (jiang sheng wǔ wèi 五味), donnant lieu aux cinq couleurs (wǔ sè五色), qui sont mis en évidence par les Cinq sons (  shēng  ), et qui en excès génèrent les Six maladies (yín shēng liù jí 淫生 ).

Les Six Qi sont l'ombre et le soleil (yīnyáng 陰陽),

Le vent et la pluie ( fēng 風雨),

L’ombre et la clarté (huì míng 晦明).

Ils se divisent (fēn ) pour faire les quatre saisons, en séquence produisent les Cinq rythmes ( jié  ) et en excès provoquent les calamités.

(Chunqiu zuozhuan, première année du duc Zhao. Trad. A. Graham)

Le pouvoir de lancer le processus de la vie qui permettra l’émergence de tous les êtres et leur accomplissement, ainsi que la régularité dont les Quatre saisons sont le parangon et l’emblème, appartiennent au Ciel.

Par conséquent, ces qualités appartiennent également aux esprits qui sont les agents du Ciel, ses messagers. Les esprits sont ainsi vus comme ce qui permet à une vie de prendre forme et d’intégrer les modèles sous-jacents  ( ) qui guident son développement naturel.

 Le résultat est un univers où tous les êtres, choses, phénomènes coexistent dans l'harmonie et la beauté.

On retrouve cette idée chez différents penseurs, même si les conséquences et les leçons sont comprises de manière souvent divergente. Donnons en exemple deux auteurs différents.

Zhuāngzi (environ 370-300 av. J.-C.), penseur associé au début du taoïsme et du mysticisme, considère cette réalité comme l'expression du Dào () et le moyen de l'intégrer.

Le ciel et la terre possèdent leurs grandes beautés mais n'en parlent pas; les quatre saisons possèdent une régularité bien marquée mais n'en discutent pas; les dix mille choses possèdent leurs principes de croissance ( ) mais ne les expliquent pas. Le sage recherche les beautés du Ciel et de la Terre et maîtrise les principes des dix mille choses. C'est ainsi que l'homme parfait n'agit pas, le grand sage ne bouge pas - ils ont perçu la Voie du Ciel et de la Terre, peut-on dire. Cette Voie, dont la luminosité spirituelle (shénmíng神明) est d’une absolue pureté (Zhì jīng ), se perpétue en cent transformations. (Zhuāngzi ch.22. Trad. B. Watson)

 

La «luminosité spirituelle» (shénmíng神明) est la façon dont la splendeur de la nature et l'ordre, les principes sous-jacents à cette grande beauté, apparaissent à travers la présence de ce qu'on appelle des «esprits». Comprendre ces schémas, c'est connaître tout ce qu’une intelligence humaine permet de savoir et c’est reconnaître «l'intelligence», l'intelligence naturelle et l'ordre spontané qui se cache derrière la manifestation de la vie; reconnaître les esprits comme les agents permettant les processus. Nous reviendrons sur cette «luminosité spirituelle» quand ce sera une réalité chez l'homme.

Zhuāngzi utilise la compréhension humaine dans l’optique d’aller au-delà de l'intellectuel, de la pensée, de la volonté et de devenir un être entièrement "naturel", agissant entièrement à travers ce que la réalité de sa nature originelle lui confère, à travers  la Voie du Ciel (Tiāndào天道). Un tel homme est à la ressemblance des esprits: il contribue à l’émergence des êtres et inspire les transformations qui maintiennent leur vie.

L'un des penseurs confucéens les plus en vue,  Xún Zǐ 荀子 (vers 298-235 av. J.-C.), a parlé des esprits de manière très similaire, mais avec une idée différente:

 Le Ciel possède ses saisons; la Terre possède ses richesses; l'homme possède sa gouvernance (z ). Par conséquent, l'homme peut former une triade avec les deux autres Mais s'il met de côté ce qui lui permet de former une triade avec les deux autres et aspire à ce que les deux autres possèdent, il est alors dans progressant, le soleil et la lune brillent chacun son tour la mystification. Les rangées d’étoiles se déplacent en, les quatre saisons se succèdent dans le bon ordre, le yin et le yang traversent leurs grandes transformations (dà huà 大化), et le vent et la pluie passent au-dessus de la terre entière. Toutes les choses obtiennent ce qui leur est co-naturel (qí hé 其和) et prennent vie, reçoivent ce qui les nourrit et grandissent. On ne voit pas le processus en cours, mais seulement les résultats. Ainsi, cela s'appelle être à la ressemblance des esprits shén ,).

(Xún Zǐ 荀子ch.17. Trad. B. Watson)

Le texte de Xún Zǐ 荀子montre à la fois la grandeur et la faiblesse de l’humanité. Grandeur  en tant que coproductrice de la vie avec le Ciel et la Terre, représentant l'un des Trois pouvoirs agissants (sāncái  三才) de l'univers; faiblesse comme  fauteuse de troubles qui détruit la beauté et l'harmonie et détruit simultanément sa capacité à les percevoir. Ce qui permet à un être humain de participer pleinement et avec précision à la vie de l'univers, c'est sa capacité à connaître et à reconnaître les principes sous-jacents ( ) de la vie, son ordre naturel, son organisation intrinsèque, ses principes et à se comporter en conséquence. Reconnaître ces modèles, c'est raisonner, c’est posséder la raison, la sagacité et la sagesse, ainsi que la santé mentale, un bon fonctionnement des facultés mentales, et la perspicacité. Ces modèles sous-jacents constituent ce que nous pouvons percevoir des esprits, ce que l’esprit humain observe et  reconnaît et comment il se représente un ordre derrière toutes les manifestations de la vie. Ceci est bien exprimé dans le Xici ou Grand Commentaire sur le Livre du changement (Yijing dazhuan):
Connaître (zhī ) le chemin (dào) des changements et des transformations (biàn huà 變化), c'est de cette façon que l’on connaît les Esprits. (Xici I, 9)

 

Mais les esprits en eux-mêmes dépassent notre capacité d'analyse et de compréhension, celle-ci se limite, par exemple, au yīnyáng 陰陽, et aux Cinq éléments wǔxíng 五行: Ce qui ne peut pas être sondé par le Yīnyáng 陰陽 est appelé «esprits» (shén ). (Xici I, 5)

Une telle connaissance, qui inclut la cessation de la connaissance mentale devant ses propres limites,  représente le véritable fonctionnement du cœur humain.

 Nous allons maintenant examiner la présence des esprits dans le corps humain.

 

II. LES ESPRITS EN TANT QUE PRÉSENTS DANS UN CORPS HUMAIN - L'ESPRIT VITAL

 

Alors que, dans les temps les plus anciens, les esprits désignaient les esprits du Ciel ou ceux des ancêtres décédés, la conception a progressivement évolué avec le temps et «l’esprit» (shén ) a commencé à être utilisé soit simplement pour une qualité de l’esprit humain, intelligence subtile) ou une réalité dans le corps humain.

La présence d’esprits dans le corps d’un être humain vivant peut avoir plusieurs significations: il peut s’agir de la possession d’une personne par un fantôme, de l’âme vengeresse d’une personne décédée. Ou la possession par une divinité, lors d’une transe sacrée, souvent induite volontairement à l'aide de drogues (comme des champignons)

C'est peut-être ce que l'on trouve dans le chamanisme, l'incarnation des esprits dans le corps du chaman qui constitue un pont entre le monde des esprits et le monde des humains; une possession qui permet au chaman de bénéficier de plus de puissance. Dans plusieurs récits taoïstes relatant ce qui semble une expérience personnelle réelle, des esprits pénètrent à l'intérieur du disciple du Dao, attestant par leur présence de sa communion avec le Dao. Plus tard, les prêtres taoïstes attireraient également des esprits pour accomplir des rituels nécessitant un grand pouvoir. Ils possédaient des rouleaux  listant un nombre d’esprits qu'ils étaient capables de faire intervenir d'une manière ou d'une autre, dans le cadre de la transmission opérée par leur maître au sein de leur lignée.
De plus, dans la pratique taoïste, l'adepte visualise un grand nombre d'esprits résidant dans chaque endroit de son corps, comme dans les organes, dans la gorge, dans le cerveau, etc.

Nous laisserons de côté tous ces aspects pour ne considérer que les principales réflexions recueillies dans les textes classiques.

Quelques considérations s’en dégagent:

 

1. Esprit et corps

L'Esprit et le corps humain ont une relation spécifique, qui ressemble en partie à celle que nous connaissons: du fait que ce sont des entités différentes et qu’elles ne sont pas au même niveau (ce qui est autre chose que de ne pas être de même nature) et une relation en partie différente - voire contradictoire - du fait que chez l’être humain l’un ne peut fonctionner sans l’autre, la perfection de l’un est la perfection de l’autre.

Dans l'approche taoïste de  Zhuāngzi : Celui qui tient fermement à la voie (dào) est complet (quán ) (atteint la complétude) en vertu (dé ) ; étant complet en vertu, il est complet en corporéité  (xíng ); étant complet en corporéité, il est complet en esprit (shén ); et être complet en esprit (atteindre la complétude de l‘esprit) est la voie  du sage. (Zhuāngzi ch.12. Trad. B. Watson)

 

Ou dans un livre syncrétique composé vers le milieu du troisième siècle avant notre ère: 

La Nature (le Ciel, Tiān) produit les principes du Yīn et du Yáng , froid et chaleur, humide et sec, les transformations (huà ) des quatre saisons et les métamorphoses (biàn ) des  myriades de choses. Chacun de ceux-ci peut produire des avantages ou causer des dommages. Le sage examine ce qui est en relation avec le Yīn et le Yáng , et distingue dans les myriades de choses ce qui est bénéfique au soutien de la vie.

 

Ici, la vertu est plus un pouvoir vital qu'un accomplissement moral.

 

Ainsi, l’essence vitale et l’esprit (esprit vital, jīngshén 精神) se trouvant sécurisés dans le cadre corporel (xíng  ), la durée de vie de la personne s’étend. (Lüshi chunqiu III - 239 Av J.C,  Trad. J. Knobloch & J. Riegel)

La vie d'un être humain correspond à l’union de la substance d'un corps et d'un esprit. Tant qu'ils forment une unité, l’être est vivant; leur séparation correspond à sa mort; comme la séparation peut se produire en raison d’une faiblesse ou d’un déséquilibre advenant soit au niveau de la forme corporelle soit au niveau de l'esprit, c’est des deux que l’on doit s’occuper  afin de garantir l'harmonie en suffisance dans leurs relations.

Cela est évident dans les relations entre  Hún et :

Ces deux sortes d’âmes, spirituelle (Hún ) et corporelle ( ), correspondent à la double animation du Ciel et de la Terre chez l’homme. La vie est leur étreinte et la mort leur séparation. Les esprits vitaux (jīngshén 精神) sont ce qui est reçu du Ciel et le corps physique est ce qui est fourni par la Terre.

(Huáinán zi )ch.7. Monkey Press)

 

 Entre Hún ,  et ou entre l'esprit et le corps, il existe la même relation qu'entre le Ciel et la Terre: hiérarchie et interdépendance. On ne peut pas exister sans l'autre; c'est leur interaction et leur co-pénétration qui maintiennent la vie.
Néanmoins, ce qui est du côté du ciel: l’âme
Hún , l’esprit, est plus subtil et possède la capacité de connaissance, de conscience, de discernement et doit par conséquent avoir une position de  contrôle par rapport à ce qui est du côté de la Terre: le corps.

 

2. L'incarnation de l'esprit-des esprits

Ces esprits à l'intérieur d'un corps humain sont-ils des «esprits incarnés», c’est-à-dire des esprits ayant une existence à l'extérieur de ce corps humain et qui y sont-ils attirés, accueillis?

Ou sont-ils des esprits spécifiques à cet humain  qui n'apparaissant que dans son corps, grâce à ce corps et à sa qualité humaine spécifique?

Très probablement, la question n'a pas été posée en ces termes et la réponse n'a jamais été claire. Néanmoins, certaines idées peuvent émerger.

Les esprits peuvent demeurer dans un corps humain en raison de la qualité de sa vitalité, exprimée dans sa substance même. Le grossier produit de petites créatures; le qi pur (jīng 精氣) produit  l'homme. Par conséquent, les esprits vitaux(jīngshén精神) appartiennent au Ciel et le corps physique appartient à la Terre. (Huáinán zi   ch.7. Monkey Press)

 Le Ciel envoie-t-il des esprits dans un corps humain? Ou est-ce naturel à la vie humaine de posséder un esprit? Il n'y a pas de réelle différence entre ces deux phrases.

La qualité spécifique qui permet à un être humain d’être partenaire du Ciel et de la Terre, en tant que l’un des Trois pouvoirs (sāncái  三才) actifs dans l’univers, doit représenter à la fois la qualité de la substance corporelle et la capacité de l’esprit. Ces deux derniers sont en relation et ne peuvent exister l’un sans l’autre. Chez l’un et l’autre la même qualité subtile est présente, caractérisée comme: subtile, raffinée, pure, séminale, vitale, essentielle (jing). Si la qualité de la substance corporelle n'est pas maintenue assez pure, si ses «essences» (jīng ) sont détériorées, le mental et l'esprit ne peuvent être subtils et clairs. Et si l'esprit vital (jīng 精氣) ne peut demeurer dans une intelligence spirituelle, comment pourrait-il commander de manière adéquate, comment le corps fonctionnerait-il et comment la vie serait-elle nourrie correctement?

 

Pour cette raison le corps humain est la forme la plus parfaite parmi tout ce qui existe et ce corps peut être considéré comme une réplique de l'univers et de l'ordre cosmique. Ainsi, la rondeur de la tête est à l'image du ciel, le carré formé par les pieds est à l'image de la Terre.

 

Le ciel possède les quatre saisons, les cinq agents (ou éléments, wǔxíng 五行), les neuf démêlements et les 366 jours. De même, l'homme possède quatre membres, cinq organes (wǔ cáng五藏), neuf orifices et 366 articulations. Le Ciel possède le vent et la pluie, le froid et la chaleur, et l'homme possède la faculté de recevoir et de donner, la joie et la colère. Au travers des correspondances entre la vésicule biliaire et les  nuages, entre le  poumon et le  qi, entre le foie et le  vent, entre les reins et la pluie, entre la rate et le tonnerre, l'Homme est en association intime (cān ) avec le Ciel et la Terre et c’est le cœur-esprit (xīn ) qui est le maître. Donc, l'oreille et l'œil sont le soleil et la lune, le sang et le qi sont le vent et la pluie. … (Huáinán zi   ch.7. Monkey Press)

 

Chaque être humain est chargé de maintenir ou de réintégrer cet ordre naturel en lui-même; s'il n’applique pas ce principe il  cause des problèmes, des maladies, par cela il attire des calamités sur lui-même et sur le monde. L'esprit dans un être humain doit être implémenté.

Il représente  un développement en puissance, le potentiel donné à un humain de se développer et de devenir semblable à un esprit.

Concentrez votre () pour devenir semblable à un esprit (rú shén 如神).

(Guǎnzi 管子, ch. Nèi yè    )

Cette potentialité est présente dès l'origine du corps humain, dès la conception et au long de la gestation. De la même manière que l'esprit / le vent - ou l'éclair – initie la vie au printemps (le processus de transformation qui mènera à la maturation, à la fruition et aux récoltes), une présence spirituelle habite le ()  qui initie la formation d'un embryon.

Dans un être humain, cette présence est particulièrement forte, ce qui signifie que ce qui est donné par le Ciel prévaut et permet au cœur / esprit humain de construire des connaissances, un discernement et une prise de conscience. Lorsqu'un enfant est né, «tous les esprits sont complets»; il ou elle a tout ce qu'il faut pour construire un esprit vital, pour avoir un cœur- esprit travaillant en association avec une intelligence spirituelle (shénmíng神明), pour devenir semblable à un esprit.

Ce qu'on appelle les esprits originaux (yuán shén元神) est principalement compris comme le pouvoir à l'origine de tous les processus de la vie, émanant du mystère impénétrable du Ciel, source de la vie. Au niveau de chaque être humain, c’est la part qui correspond à sa dotation originelle. Dans un contexte taoïste, ce sont les esprits de l'être humain, parfaitement fondus avec ceux du Ciel, qui se déplacent sans entrave dans les espaces infinis de l'univers en compagnie des esprits célestes.

Dans un contexte plus courant, c’est l’esprit qui donne au cœur-esprit sa clairvoyance et son intelligence et qui permet au cœur de reconnaître de plus en plus clairement la nature des choses et sa propre nature.

Cette compréhension constitue le fondement correct à l’activité mentale et à la façon dont elle s’exprime en pensées et en objectifs.

Cela nous permet d'accomplir notre destin (mìng ).

Le calme encourage la relation des esprits avec notre origine, en donnant force et vigueur aux esprits vitaux (jīngshén 精神).

L’agitation  émotionnelle, la précipitation et l’exhaustion  la diminuent.

Dans un contexte plus spécifique ou médical, l'esprit originel est également lié au fonctionnement du cerveau, qui, dans la médecine chinoise, reflète l'état du cœur-esprit. Ainsi, l’esprit est la possibilité, la potentialité donnée à chaque être humain de construire son propre cœur-esprit, et à travers celui-ci sa propre conscience, son discernement et sa raison, de manière à ce qu’il se comporte selon l’ordre et les modèles des principes cosmiques. Ceci correspond à  l'intelligence spirituelle (shénmíng神明) opérant à travers le cœur-esprit humain. Dans le taoïsme, cela mène à l'union avec le Dao.

Par conséquent, ce que l’on appelle l’esprit garantit à l’homme la responsabilité envers sa propre vie et son propre comportement.

Incarner l'esprit, c'est ouvrir le cœur à la nature, à l'ordre naturel, au Ciel, apporter la lumière à son intelligence, sa connaissance et sa compréhension, afin d'accomplir son destin et, en même temps, de nourrir sa vie ainsi que celle des autres.

Comme le disait le Huáinán zi  淮南子:

Ses mouvements sont cachés à la vue (wúxíng) et ses changements et transformations (biàn huà 變化) sont comme divines (ruò shén ); il ne laisse aucune trace dans ses progrès; il est toujours en tête mais arrive par derrière.

(Huáinán zi  淮南子ch.1. Tranls. Lau & Ames)

Plus que d'attirer des esprits extérieurs dans son corps, ce qui est réel c'est le processus d'intériorisation, la construction d'une vie intérieure; c’est  créer le lien avec la source de toute vie, le fondement de toute réalité.

L'esprit, nul ne connaît ses limites; avec une clarté naturelle, il sait tout ce qui existe. Protégez-le de l'intérieur et ne le laissez pas s’épancher. Ne laissez pas les êtres (externes) déranger les organes des sens, ne laissez pas les organes des sens déranger le cœur-esprit

(xīn ): c’est ce que l’on appelle saisir le pivot central.

(Guǎnzi 管子, ch.  Nèi )

 

3. Esprit limpide ou turpide

 Mais, cette potentialité de devenir semblable à un esprit et de se construire à l’image des esprits du Ciel n’est pas une tache facile. Le cœur humain est faible et enclin à se livrer aux désirs et aux passions. Cela signifie qu'un humain réalisera cette réalisation de l'esprit ou son accomplissement spirituel à divers degrés d'imperfection / perfection.

L'Esprit (shén) existe indépendamment (zài ). Son va et vient (qùlái去來), personne n'est capable de contempler. Perdez-le et il est certain que le mental sera dans la confusion (luàn  ); acquérez le, et il est certain que le mental sera bien régulé (zhì ).

(Guǎnzi 管子, ch. Nèi yè   Transl. W. Allyn Rickett)

 

Esprit (shén ) ou esprit vital (jīngshén 精神) est utilisé pour décrire la façon dont un être humain se réalise en tant qu’esprit par la qualité et la régulation de son cœur-esprit. Cet accomplissement qu’il réalise  est souvent éloigné de la simple dotation de sa propre nature originelle, du destin dont le Ciel l’avait doté. La fonction du cœur-esprit est appelée esprit ou esprit vital, quelle que soit la qualité réellement atteinte. L'homme capable de se réaliser en tant qu’esprit est en harmonie et en joie. Les mouvements et les échanges de son sont réguliers,  lui assurant un équilibre mental et une santé parfaite parfaits.

 

L'eau en repos renvoie une image claire de la barbe et des sourcils; reposant sur la surface de l'eau, elle offre un outil de mesure au grand charpentier. Et si l’eau en état de repos (jīng ) possède une telle clarté ( míng ), combien plus doit posséder l’esprit pur (esprit vital, jīngshén 精神). L’esprit-cœur  du sage (xīn ) en repos est le miroir du Ciel et de la Terre, le verre contenant les dix mille choses. (Zhuāngzi ch.13. Trad. B. Watson)

  

L'accomplissement en tant qu'esprit permet à l'esprit humain de ne faire qu'un avec l'univers et d'avoir une connaissance intime (pas seulement intellectuelle) de toutes les formes de vie. Cela permet également de percevoir sa vraie nature et le processus de la vie à l’intérieur de soi et ainsi de les considérer comme ce qui est à mettre en œuvre, en tant que ce qui correspond à la «volonté du ciel».

Mais lorsque ce n’est pas ce que l’humain réalise, les textes le stigmatisent en tant qu’esprit aveugle, terne et pauvre, sur la façon qu’il a d’épuiser ses esprits en s’appuyant sur le savoir accumulé et sur sa propre volonté. Mal utiliser l’esprit, maladroitement et de façon non-adéquate,  épuise la vitalité; cela commence par une illusion, une idée fausse, due à ce que nous croyons, à ce que nous sommes sûrs de savoir, à ce que nous voulons et désirons. D’où l’importance de cultiver son cœur, de nettoyer le miroir, de mettre son cœur à nu. Apaiser les passions et diminuer les désirs, calmer l'agitation et mettre fin à la nervosité, est toujours le préliminaire  du chemin spirituel, une condition préalable pour devenir « comme un esprit ». Il est également nécessaire d'avoir un esprit non seulement sain, mais exempt de tout préjugé, attirance ou aversion, pour voir les choses et les êtres tels qu'ils sont. Et contempler en conséquence, les mouvements naturels de la vie et leurs lois, l'ordre naturel tel qu'il est

et non de se conformer à la vision ou au raisonnement auquel nous nous adonnons assujettis à nos désirs, émotions, ambitions, passions.

Le calme est plus que la simple absence d'agitation. Il s'agit d'atteindre l'état d'équilibre à partir duquel l'activité et le repos trouvent leur équilibre, leur temps et leur force (leur tempo et leur impulsion).

 

Le sage repose; avec le repos vient l'aisance paisible, avec l'aisance paisible vient la limpidité et là où il y a aisance paisible et limpidité, les soucis et l'inquiétude ne peuvent l'atteindre, les souffles nocifs (le mal, le  pathogène, xié qì 邪氣) ne peuvent l'assaillir.

Par conséquent, sa vertu est complète et son esprit (shén) est intact. [.......] L'esprit pur (esprit vital, jīngshén 精神) s'étend dans les quatre directions, [il s’étire dans un sens puis dans l’autre - il n'y a pas d'endroit où il ne s'étende pas. En haut, il effleure le ciel; en bas, il se déroule sur la terre. Il transforme et nourrit les dix mille choses, mais personne ne peut en distinguer la forme. Son nom s'appelle Un-avec-Le Ciel. Le chemin qui mène à la pureté et à la blancheur consiste à garder l’esprit (shén), cela seul; garde-le et ne le perds jamais, et tu deviendras un avec l’esprit (shén), un avec sa pure essence (jīng ), qui communique et se mêle à l'ordre céleste. (Zhuāngzi ch.15. Trad. B. Watson)

 

En cultivant son esprit, on s’unit à l’esprit cosmique, à la force vitale, à la vitalité pure, et on suit son chemin tout en  procédant avec de moins en moins d’efforts. Ne pas accomplir son esprit, c’est s’opposer à sa vraie nature et se séparer du processus de la vie dans l’univers:

Un homme à sa naissance est dans la quiétude. C'est sa nature, la nature dont le Ciel l’a doté. Il se met en mouvement quand il y est incité. C'est la mise en mouvement de cette nature. L'esprit humain (shén) réagit lorsque les choses deviennent sensibles. C'est le mouvement de l'intellect (z ). Lorsque l'intellect entre en contact avec les choses, des sentiments d'attirance et d'aversion sont produits. Lorsque ces sentiments d’attraction et d’aversion ont pris forme et que l’intellect a été attiré de l’extérieur, il ne peut plus revenir à lui-même et les principes célestes (tiānlǐ 天理) en lui sont détruits. [.......] Ainsi, lorsqu'un homme porte un cœur calculateur dans la poitrine, la qualité de sa personne est contaminée et sa spiritualité (shén) n'est pas gardée intacte.

(Huáinán zi  淮南子 ch.1. Tranls. Lau & Ames)

 

Il existe une différence entre les confucianistes et les taoïstes en ce qui concerne la valeur attribuée à la connaissance. Dès que l’on se rend capable de voir les principes sous-jacents à la vie cosmique, ce qu’il perçoit remplit son cœur-esprit et détermine sa pensée, son intention et son action. C'est ce qui guide sa vie, c’est ce qui se doit d’être accompli. L'attitude confucéenne favorise l'étude, l'apprentissage, la volonté et une loi morale, alors que la perspective taoïste vise à atteindre un comportement naturel de façon spontanée. Ce qui est commun aux deux est la distinction faite entre la personne qui tente d’assumer la ressemblance avec l'esprit cosmique et la personne assujettie à ses désirs et passions.

 

4. L'esprit et le cœur-esprit

Le cœur (esprit, xīn ) est le maître du corps et les esprits ( shén) sont le trésor du cœur. (Huáinán zi  淮南子 ch.7. Monkey Press)

 

Comme nous l’avons déjà vu, la relation entre l’esprit et le cœur-esprit est si forte et si étroite que la qualité du cœur-esprit dépend de la présence, de l’intériorisation ou de la réalisation de l’esprit. En outre, la construction de l'esprit vital se produit à travers le fonctionnement du cœur -esprit et, bien sûr, à la lumière de l'esprit ou de l'intelligence spirituelle. Si le cœur-esprit ne peut s’inscrire dans le processus de la vie, il est inefficace pour l'esprit. L'intelligence humaine à elle seule ne parvient pas à comprendre la vraie nature des choses et leurs principes sous-jacents. Le cœur-esprit englobe tout ce qui est émotionnel, psychologique, intellectuel, mental, spirituel, ainsi que physiquement le sang et sa circulation, la pulsation qui indique la vie; ces différents aspects agissent et réagissent continuellement les uns avec les autres.

Si bien que le cœur-esprit peut facilement s'égarer et quitter le chemin  de vie.

 Par nature ( xìng), un être humain possède du sang  (xuè)et du () et un cœur qui permet la connaissance (xīn z ).

Le chagrin ainsi que la joie, l'exaltation ou la colère n'existent pas de manière permanente à l'intérieur. Ce sont des réactions à la stimulation d'objets. C'est alors que l'art du cœur (xīn shù ) intervient (xíng ).  (Lǐjì , Yue 禮記 樂記,

La connaissance est œuvre du cœur-esprit, en tant qu’il exerce un  contrôle ou pas sur les émotions. La qualité de la prise de conscience dépend de l'intelligence, des émotions mais aussi de la situation purement physique et corporelle. Et la qualité du cœur-esprit commande tout ce qui se passe dans le corps, tous les mouvements du ().

 

Le penseur confucéen, Xún Zǐ 荀子, consacre un chapitre à cette question. Dont voici quelques aperçus:

Comment un humain peut-il connaître (z ) le chemin?

Je dis: par son cœur-esprit (xīn).

Et comment le cœur-esprit est-il capable d'une telle connaissance?

Je dis: par son vide ( ), son pouvoir unificateur (  ) et son immobilité ( jīng ). (Xún Zǐ 荀子, ch.21. Trad. B. Watson)

 

Quand le cœur-esprit (xīn ) est guidé par les principes (de l'ordre naturel, li ) et nourri de pureté, quand aucun objet extérieur ne le déséquilibre, c’est suffisant pour lui de déterminer ce qui est correct et ce qui est incorrect, de décider face à toute incertitude. (Xún Zǐ 荀子, ch.21. Trad. B. Watson)

Le cœur-esprit (xīn ) est le souverain ( jūn ) du corps et le maître (zhǔ) de l’ intelligence conforme à l'esprit shénmíng神明

(Xún Zǐ 荀子, ch.21)

 

5. L'esprit en tant qu’il quitte le corps à la mort

Traditionnellement à la mort, l'esprit rejoint le Ciel et devient l'esprit d'un ancêtre qui sera honoré lors des cérémonies du culte des ancêtres, du moins pour certaines générations.

Le corps retourne à la Terre. Les esprits vitaux repasseront par les portes et le corps fera retour à ses racines; comment «Je» peut-il continuer à exister?

(Huáinán zi  淮南子 ch.7. Monkey Press)

 

La question de la survie des esprits des ancêtres après la mort est trop complexe pour être abordée ici. Nous pouvons simplement noter que le Huáinán zi  déclare que le «Je» qui vit actuellement disparaît à la mort; le «Je» n'existe que grâce à la fusion du corps et de l'esprit. Mais cela n'implique pas que la mort soit la fin de tout. Ce qui était mon corps  continue son destin, dans la transformation de sa substance dans la Terre. Et  mon esprit vital continue son destin, mais pas en tant que «Je» ou «ego». Celui qui veut survivre comme un soi est dans l'illusion et affaiblit son propre esprit à travers ce désir. Dans la perspective du Huáinán zi , un texte largement  taoïste, celui qui est capable de s'oublier lui-même permet à son esprit vital de fusionner avec le Dào.

Ils demeurent dans un espace qui ne peut pas contenir, s’installent dans un endroit qui n’est nulle part; ils se meuvent dans l’anti-forme (a-morphe); ils reposent dans le sans corps. Ils sont présents comme s'ils avaient disparu et vivent comme s'ils étaient morts. Ils entrent et sortent là où il n'y a aucune ouverture, utilisent des fantômes et des esprits comme serviteurs. Ils sont engloutis par l'insondable et pénètrent dans ce qui n'a pas d'ouverture pour se modeler sous différentes formes. Les fins et les commencements  forment un cercle, personne ne peut saisir leur succession. C'est ainsi que les esprits vitaux ( jīngshén 精神) peuvent se fondre dans le Dao.

(Huáinán zi   南子. Monkey Press)

 

Ayant fusionné avec le Dào, l'esprit vital d'un humain ne fait qu'un avec l'axe de la vie cosmique, la source de tout ce qui survient. Par conséquent, on peut dire que cet esprit vital utilise les fantômes et les esprits comme serviteurs, car ils sont les agents derrière les transformations qui donnent et maintiennent la vie.

 

6. Les différents statuts des esprits (shén) dans un corps humain

D'après ce qui a été dit, on peut voir que le terme shén,  peut être utilisé à plusieurs niveaux:

- Ce qui est à l’origine même de chaque vie, permettant le début du processus de transformation de la vie, selon l’ordre naturel.

- La potentialité du cœur humain, fonctionnant comme mon  mental, ma cognition, mon intelligence, ma conscience…

- l'accomplissement réel de ce cœur, en conformité à l'esprit en opposition à celui en proie aux désirs et aux passions, devenant de plus en plus incapable de déceler l'ordre naturel de la vie et ses principes sous-jacents et par conséquent incapable de gouverner la conduite de la vie.

- Ce qui rejoindra le ciel après la mort, en tant qu’esprit ancestral ou en tant que compagnon de la Voie-Dào

 7. Fantômes et esprits (guǐ shén): les esprits de la terre et ceux du Ciel.-

 

III. LES ESPRITS  EN MÉDECINE

 

Dans cette partie, nous allons simplement donner un aperçu rapide du concept d’esprit (shén)  dans les principaux textes médicaux classiques, sans entrer dans une présentation détaillée et sans parler des pathologies du corps et de l’esprit qui sont liées aux esprits. Nous essayons principalement de montrer comment cette notion d’esprit dans la théorie médicale prend forme dans les conceptions des érudits des Vème / IIème siècles av.

1.  Puissance externe.

Même si les textes médicaux traitent généralement de l'esprit humain, en tant qu’il agit à l'intérieur d'un corps, ils peuvent également utiliser ce concept lorsqu'ils parlent du fonctionnement de l'univers. Certains des meilleurs exemples se trouvent dans le Sù wèn素問 ch.5, l'un des textes clés dans l'établissement de la théorie médicale.

Quelques exemples: à propos de l'ordre perçu dans la nature:

Du fait  que le clair yang s'élève au ciel et que le yin turbide retourne sur la terre,

(Shàng qīng xià zhuó 上清下), le Ciel / la Terre ressentent les effets du mouvement et du repos, et la luminosité spirituelle (shénmíng神明) forme le réseau des lois et des principes. Ainsi, grâce à un processus de génération, de croissance, de convergence  et d’enfouissement, tout arrive à son terme et recommence.  (Sù wèn素問 ch.5. Monkey Press)

 

Quand on parle de l’origine de toutes les manifestations de la vie, de ce qui est au-delà de l’analyse et de la compréhension qu’autorisent les lois du yin yang et des Cinq éléments, c’est  précisément pour introduire la grande représentation des corrélations basées sur les Cinq éléments qui expriment l'ordre cosmique:

 Au niveau du Ciel, c'est le mystère insondable.

Au niveau de l'homme, c'est Voie ( Dào)

Au niveau de la Terre, c'est la transformation.

La transformation produit les cinq goûts.

La Voie produit la sagesse (zhī).

Le mystère insondable produit les esprits. Les esprits!

Au Ciel, c'est le vent, sur Terre, c'est le bois (élément), dans les parties du corps, c'est le mouvement musculaire, dans les organes zang, c'est le foie ...

(Sù wèn素問  ch.5. Monkey Press)

Les esprits qui sont à l'origine de la vie cosmique sont aussi à l'origine de chaque être humain, commençant le processus de transformation formant sa vie, son corps et son esprit.

Lorsque deux esprits (liǎng shén兩神) s'embrassent, leur union donne forme à un corps.  Ce qui vient toujours  en premier  (xiān ) dans le processus de la vie de la personne (exprimé par un corps, shēn shēng身生 ), est appelé l’ essence (vitalité, jīng ).

(Língshū靈樞 ch.30)

 

Les deux esprits forment une paire; ce qui signifie qu'ils sont différents, ils peuvent être opposés mais dans le même temps complémentaires. Ici, ils forment le couple yin yang formé du mâle (père) et de la femelle (mère), chacun considéré comme participant à la production naturelle de la vie.

Dans le Huángdì nèijīng 黄帝内 le classique de l’interne de l’empereur jaune.

 2. Réalité interne

D'une part, la médecine va  principalement s'intéresser aux conditions nécessaires au bon fonctionnement du cœur -l'esprit; afin que son bon fonctionnement  puisse ainsi assurer une bonne présence de l'esprit. D'autre part, suite aux effets sur l'esprit et le corps d'un fonctionnement insuffisant de l'esprit, un esprit vital de trouvera faible, séparé du mouvement authentique de la vie, déconnecté de la réalité de l'univers, Nature-Ciel, et donc incapable de guider correctement les mouvements du () dans l'organisme.

Le cœur ou l'esprit sont censés guider le ()  (tous les mouvements et le fonctionnement de la psychologie et de la physiologie, de la vie dans l'esprit et dans le corps), qui consiste à maintenir toutes les transformations dans le processus naturel de la vie. Le fonctionnement parfait du cœur conduit à un éclat spirituel qui est une véritable intelligence en raison du lien constant qui le lie à la source de la vie et au fondement de la réalité (shénmíng神明).

Le cœur-esprit (xīn ) exerce la fonction de souverain et maître (君主 jūnzhǔ ). La luminosité spirituelle (神明shénmíng) en découle. [.......] Si alors le souverain est éclairé (zhǔ míng 主明), ses subordonnés seront en paix. A partir de là, le maintien de la vie (养生 yǎng shēng) produira de la longévité, de génération en génération et l’empire sous le ciel sera resplendissant. Mais si le souverain n'est pas éclairé, les douze officiers en charge (guān ) seront en danger, ce qui entraînera la fermeture et le blocage des voies, mettant finalement fin à la communication et le corps (xíng ) sera gravement endommagé. A partir de là, nourrissement de la vie tournera au le désastre.

(Sù wèn素問 ch.8)

Les douze officiers en charge représentent les organes du corps qui gèrent les divers aspects de la physiologie et de la psychologie. Chacun a sa propre compétence et sa propre manière de travailler en accord avec les autres; mais tous dépendent du cœur-esprit pour la bonne observance de la régulation de la vie. Le vide (en tant que dimension) d’un cœur éclairé est la seule demeure de l'esprit; c'est dans cette dimension que l'esprit fonctionne adéquatement, mentalement et émotionnellement. Alors, non seulement les pensées sont claires et les sentiments équilibrés, mais le sang circule partout sans à-coups. Ce qu'on appelle le sang et la circulation sanguine  diffèrent de la médecine occidentale. Le terme chinois  englobe le système nerveux occidental et de plus le place sous contrôle du cœur-esprit. Le sang est plus qu'un fluide nourrissant; c'est la présence de l'esprit et ses effets. Le sang est esprit et qi (shén qì 神氣).

(Sù wèn素問  ch. 26)

Ce qui est dans le sang est ce qui est dans le cœur et ce qui est dans le cœur est ce que le cœur accepte de recevoir  et qui en fait sa demeure. Ce qui est dans le cœur-esprit le façonne, détermine sa manière de travailler à la fois physiquement et émotionnellement. Une émotion qui s'installe dans le cœur modifie la circulation sanguine, tout comme la clarté de l'esprit, l'acuité de la mémoire,… Ainsi, le cœur-esprit apparaît vraiment comme le seigneur de la vie, la personne, le soi, comme il se doit être et / ou tel qu'il est réellement. Son autorité est mise en œuvre par la circulation du sang, assurant partout la présence de ce qui vient du cœur- esprit et déterminant les activités vitales à tous les niveaux, du plus physique au plus intellectuel ou au plus subtil. Ce qui vient du cœur imprègne tout ce qui fait la vie et le cœur assure la cohésion et l’unité de tous ces éléments. L'unité et l'harmonie ne peuvent être réalisées que par l'esprit. Un cœur plein de pouvoir spirituel ou éveillé est un bon maître pour la vie. C'est la raison pour laquelle le qi correct (zhèngqì  正氣),  capable d'assurer le fonctionnement régulier de la vie, et également lié à la condition du cœur.
Ce qu'on appelle les cinq organes (wǔ cáng五藏)et six entrailles (liù , ) en corrélation avec les cinq éléments et à travers eux avec tous les phénomènes à l'intérieur et à l'extérieur du corps.

Mais un cœur plein de désirs et de passions guide le ()  selon ses désirs. L'esprit n'est pas capable de diriger adéquatement  le processus de la vie.

L'empereur (jaune) Huángdì 黄帝a questionné:

-[Dans le cas où] le corps est affaibli et le sang épuisé, quand le traitement ne donne aucun résultat, qu'est-ce que c'est?

-Qi Bo: Les esprits (shén) ne fonctionnent plus (shǐ 使).

-L'Empereur: Que signifie "les esprits ne fonctionnent plus"?

-Qi Bo: Lorsque vous pratiquez l'art (dào) des aiguilles (zhēn shí 針石), si l'esprit vital (jīngshén 精神) ne peut aller de l’avant, si la volonté et l'intention (zhì yì 志意) ne dirigent pas (zhì ), alors la maladie ne peut être guérie. Lorsque les essences (jīng ) sont endommagées et que les esprits (shén shen) ont disparu, la nutrition (yíng) et la défense (wèi ) ne peuvent pas revenir et restaurer leur position. Et pourquoi ça? Parce que les désirs et les convoitises (shì yù 嗜欲) ne connaissent pas de limites, les soucis et les préoccupations (憂患yōu huàn) sont infinis; ainsi les essences et le  (jīng ) sont lâches et endommagés, la nutrition est stagnante, la défense est absente. Alors, les esprits ayant disparu, la maladie ne peut être guérie. (Sù wèn素問 ch.14)

 

Une personne peut décliner et s’effondrer à cause de maladies affaiblissant le corps. En fait, la cause de son état est dans un cœur incapable d’être un bon maître, résultat de désirs et de convoitises sans limites. Ce qui fait régner le désordre partout dans la physiologie. Si cette personne ne peut pas retourner à elle-même, à une vie plus proche de la vraie nature originelle, le désordre augmentera, conduisant finalement à la séparation du corps et de l'esprit, c'est-à-dire à la mort. Le retour à soi commence lorsque le cœur est capable de se calmer, même un peu, pour permettre une meilleure vision, un meilleur fonctionnement. Ce peut être le début du processus de rétablissement, qui se situe toujours au niveau de l'esprit et qui se réalise avec une transformation de l'esprit même. De la même manière qu’un souverain est alimenté par la meilleure part de la réserve en provenance de toutes les parties de son empire, le cœur-esprit se nourrit de la meilleure vitalité qui provient de toutes les parties du corps, de tous les organes. Le cœur ne produit pas le sang; d'autres organes sont impliqués dans sa fabrication. Le cœur a également besoin de forces ou de qi provenant d'autres organes pour l'aider à maintenir ses battements réguliers et la propulsion rythmique du sang dans l'organisme. Tous les organes participent à ce qui permet au cœur-esprit de fonctionner.

Chaque organe joue donc son rôle dans la construction de l’esprit vital et dans le maintien de la vie. Le bon état du corps contribue au bon fonctionnement du cœur et donc à un esprit sain et à la capacité de personnifier, d’incarner l’esprit du Ciel. Ainsi, même le renouvellement très ordinaire des substances qui nourrissent la vie fait partie de ce qui conduit à la construction de l’esprit.

En ce qui concerne l’homme ordinaire, lorsque son estomac est rempli (mǎn  滿), son intestin est vide (xū  ), et lorsque son intestin est rempli, son estomac est vide. Parce qu'ils deviennent vides et pleins alternativement, le monte et descend, les cinq organes zang sont pacifiques et stables, le sang circule avec harmonie et facilité; c'est ainsi que l'esprit vital jīngshén 精神 réside dans sa demeure. Par conséquent, l'esprit est constitué des essences et du   (jīng ) provenant de la nourriture.  

Língshū靈樞ch.32) 17

 

C'est aussi la raison pour laquelle, en médecine chinoise, on diagnostique aux pulsations l'état de tous les organes et pas seulement celui du cœur.

Quand on ne mange pas en suffisance ou incorrectement, l’esprit faiblit, les pensées sont plus difficiles à élaborer, la mémoire vacille et la volonté chancelle, et même le comportement pourra plus  facilement être influencé par la faim plutôt que par les qualités du  cœur humain. Mais celui qui a établi dans le cœur  un esprit vital de qualité peut continuer à se comporter avec humanité et à partager sa ration plutôt que de tuer son prochain. Cela montre qu’à la fois l'esprit est étroitement lié à la qualité de la substance même du corps, du cœur physique et du sang, et qu'il en est également affranchi et capable d'exister de manière indépendante. Néanmoins, en ce qui concerne notre vie présente, l’esprit a besoin de la matière pour s’exprimer et la matière doit être inspirée et contrôlée par l’esprit. Une personne peut encore être en vie, son corps fonctionnant toujours, alors  que son esprit ne fonctionne plus, comme si l'esprit n'était plus présent, ni perceptible, ni capable de s'exprimer à travers le corps. Par exemple: les gestes corporels, le  langage,  le fonctionnement précis des organes des sens impliquant la raison, la mémoire, etc. Les moyens physiques permettant l'expression de l'esprit étant détériorés, souvent au-delà de tout espoir d'amélioration. Cela signifie-t-il que l'esprit est parti? L'esprit vital est-il endommagé? Quelle est la valeur et l'endurance de l'esprit vital que cette personne a construit tout au long de sa vie? Quelle sorte d’esprit survivra dans le Ciel? Ce sont des questions difficiles qui nécessitent une étude spécifique.

Une différence peut être faite entre une dégradation inévitable du corps et sa capacité à transmettre et à communiquer ce qui se trouve dans le cœur- esprit et un blocage de ces moyens de communication en raison d’une mauvaise gestion de sa propre vie. Dans le premier cas, l’esprit de la personne peut encore être à la ressemblance des esprits du Ciel; dans ce dernier cas, l’esprit de la personne est terne et aveugle.

Interrogeant sur l’esprit (shén ), l’empereur jaune obtint la réponse suivante:

le sang et le qi étant en parfaite harmonie, la nutrition et la défense communiquant parfaitement, les cinq organes wǔzàng

étant parfaitement élaborés, l’esprit et le qi (shén ) demeurant dans le cœur-esprit (xīn ), le Hun et le Po étant en complétion, ce parachèvement est un être humain.

(Língshū靈樞 54)

 

3. Les cinq esprits ( wǔ shén )

C'est l'application de la théorie des Cinq éléments (phases, agents, wǔxíng 五行) dans l'analyse du fonctionnement du cœur-esprit xīn . Le cœur n'est pas seulement l'un des cinq organes wǔzàng, mais représente également leur unité et leur complétude. En tant qu'un, il représente  moi-même, mon mental, mon esprit. A travers l’analysé, on comprend que ce sont les cinq mouvements du qi, les cinq qualités du qi qui constituent mon esprit.

Les entités choisies pour représenter les cinq esprits liés aux cinq éléments et les cinq organes sont les suivantes:

Le cœur thésaurise l’esprit (shén )

Le poumon thésaurise le Pô (pò )

Le Foie thésaurise Le Hun (hún )

La rate thésaurise de l'intention ( )

Les reins thésaurisent la volonté (zhì )

(Sù wèn素問, ch.23)

.

L'esprit (shén ) est l'unité de la vie, son inspiration céleste, son lien avec le processus naturel de la vie. Hun et Po sont le qi céleste et terrestre en tant que couple, le Hun étant l'âme, l'animation, de tout ce qui est incorporel dans un être humain et le Pô de tout ce qui est corporel. L'intention et la volonté (  zhì 意志) sont ce qui permet le fonctionnement du cœur –esprit ; tout ce qui pénètre dans l'esprit et affecte en  qualité  la capacité de savoir et de penser, ainsi que la direction tracée dans l'esprit.

Un texte fameux et souvent cité expose la construction du cœur-esprit humain et sa capacité à prendre en charge sa propre vie, sa capacité à devenir le même qu’un esprit en se conformant au processus de la vie:

 

Le Ciel en moi est la vertu (dé ).

La terre en moi est le qi ().

La vertu coule, le qi se dilate et il y a de la vie (shēng ).

L'avènement des êtres vivants (shēng ) indique les essences (jīng ).

L'étreinte de deux essences indique l'esprit (shén ).

Ce qui suit l'esprit fidèlement dans son va et vient (去来qù lái) relève du Hun (hún ).

Ce qui s’associe aux essences lors de leur entrée et de leur sortie relève du Po (pò ).

Pour ce qui prend la responsabilité (rèn ) des êtres, nous parlons du cœur (xīn ).

Lorsque le cœur se met lui-même en œuvre ( ), nous parlons d’intention (  ).

Lorsque l’intention devient permanente, nous parlons de volonté (zhì ).

Quand la volonté persévérante diverge, on parle de pensée (sī ).  

Língshū 靈樞 Le pivot numineux, ch.8)

 

La volonté et l'intention sont le résultat de la présence de l'esprit dans un corps humain, l'expression de l'esprit vital. Mais c'est aussi comment le cœur-esprit est capable de décider de ce qui pénètre à l'intérieur. Par conséquent, la volonté et l'intention - le fonctionnement même du cœur- esprit - déterminent la qualité de l'esprit vital. Il y a toujours un retour négatif ou positif entre la qualité du fonctionnement du cœur et de l'esprit vital, comme il en existe également entre la qualité des substances du corps et celle du cœur et de l'esprit.

 

L’homme reçoit la vie à partir du sang et du qi (xuèqì 血氣) et des esprits vitaux (jīngshén 精神j) afin d’accomplir parfaitement son destin naturel (xìngmìng 性命). [……]

Volonté et intention (zhì yì 志意), sont ce qui dirige les esprits vitaux (jīngshén 精神), rassemble Hun et Po (âmes), régule le chaud et le froid, et mélange harmonieusement ( ) l'exaltation et la colère. [……] Lorsque volonté et intention sont en harmonie, alors les esprits séminaux jīngshén 精神 sont concentrés et corrects, Hun et Po ne sont pas dissipés, le regret et la colère (huǐ nù ) ne se manifestent pas, les Cinq organes wǔzàng ne reçoivent pas d’influences perverses (xié). (Língshū靈樞 ch.47)

 

La fin du chapitre 8 de Língshū insiste sur la symbiose entre les Cinq esprits et les substances du corps:

Le foie thésaurise (cáng  ) le sang, le sang est la demeure du Hún ). […] La rate thésaurise la reconstruction, la nutrition, yíng ), la reconstruction est la demeure de l'intention (  ). […] Le cœur thésaurise les circulations vitales (mài ), les circulations vitales sont la demeure de l'esprit (shén ). […] Le poumon thésaurise le (), le qi est la demeure du pò ). […]Les reins thésaurisent les essences, les essences sont la demeure de la volonté (z ). Língshū靈樞  ch.8)

 

Comme l'esprit, les Cinq esprits imprègnent tout le corps. Alors que l'esprit du cœur-esprit est omniprésent, en tant  que signifiant l'unité de la personne, on se rapporte  aux  esprits spécifiques à chaque organe à travers ce qui est pertinent pour cet organe dans le fonctionnement vital. De là découle la possibilité d'utiliser un esprit pour parler du fonctionnement d'un organe, par exemple de parler de «Hun» pour parler du fonctionnement du foie, en tant que représentant de l'élément du  bois et du travail du qi du bois. On peut également dire que l'esprit, par exemple le Hun, est le fondement de l'activité régulière et correcte d'un organe, en l'occurrence le foie: lorsque le Hun est comme il se doit, le foie fonctionne parfaitement  à tous les niveaux, sur les plans  physiologique, psychologique et mental.

Dans cette perspective, la pathologie associée à l'un des Cinq Esprits n'est pas nécessairement une pathologie de l'esprit ou du cœur; mais une pathologie exprimant le dysfonctionnement d'un organe.

Citons brièvement sans les étudier cliniquement deux symptômes qui mentionnent un esprit par son nom.

Le premier, le «Pò sueur » (pò hàn )», est en fait une transpiration abondante due à une déficience du dans les poumons. Le second, le « hún qui ne tient plus dans sa demeure», est en fait un sommeil agité, plein de rêves, dû à une déficience en sang dans le foie. Mais nous devons nous rappeler que dans la théorie de la médecine, les cinq organes wǔzàng constituent ensemble le noyau de la vie, aussi bien physiquement que mentalement et spirituellement. Ainsi, lorsqu'un organe est affecté, tout l'équilibre de l'être est blessé, ce qui  peut affecter son mental, sa raison, son esprit, car il existe une différence, mais aucun écart entre l'esprit et le corps. Un autre exemple, trouvé dans le chapitre 66 de Sù wèn素問, est l'utilisation de l'esprit (shén) et de la volonté (zhì ) pour parler du fonctionnement et de la pathologie du cœur et des reins. Ainsi, le texte parle de la déficience ou de l'excès de l'esprit ou de la volonté. Les symptômes donnés pour l'excès de l'esprit, par exemple, sont la congestion dans la circulation sanguine, en particulier les capillaires; un saignement superficiel rétablit l'équilibre dans les circulations mais aussi dans le cœur-esprit, car le cœur-esprit n'était pas en mesure de contrôler le sang et son écoulement correct. Par conséquent, l’expression «excès de l’esprit» signifie un excès pathologique du feu du Cœur et non une surabondance d’illumination. Ce qui est séminal à la vie ne peut avoir d’excés.

LIVRES DE RÉFÉRENCE :

Ames, Roger T. et D. c. Lau, Yuan Dao, traçant Dao à sa source. (New York: Ballantine Books, 1998)

Ames, Roger T. et Rosemont Henry, Les Analectes de Confucius, une traduction philosophique. (New York: Ballantine Books, 1998)

Graham, A., Yin-Yang et la nature de la pensée corrélative. (Institut de philosophie est-asiatique).

Jingshen, une traduction du chinois, chapitre 7 de Huainanzi. (Monkey Press: Londres, 2010).

Knoblock, John et Jeremy Riegel, Lüshi Chunqui, Les Annales de Lü Buwei: traduction et étude complètes. (Stanford: Presse universitaire de Stanford, 2000) Rickett W. Allyn, Guanzi. (Princeton University Press, 1998)

Suwen ch.5: Le rythme au coeur du monde. (Monkey Press: Londres, 2011).

Watson, Burton, Les oeuvres complètes de Chuang Tzu. (New York: Columbia University Press, 1968)

Watson, Burton, Hsün Tzu, écrits de base. (New York: Columbia University Press, 19

Notes de présentation au Cercle Universitaire d'Arcachon 19-09-2018

 

 

HISTORIQUE

 

Des centaines de styles : des styles  anciens perdurent depuis la nuit des temps et des styles nouveaux se sont développés au cours des époques

Exemples de forme ancienne: Ba dwanjin

 et exemples modernes : Dayan / 18mouvements taiji qigong, etc. Ils sont issus de différentes écoles, régions, époques, maintenant toujours un lien à la tradition et se référant aux premiers maitres.

Pour un historique complet consultez histoire du qi gong http://www.yiquan78.org/historeqigong.htm

 

En quoi ça consiste ?

Le qi c’est la force vitale, l’énergie : l'énergie ne se voit pas directement mais c'est ce qui rend les choses visibles….

 

Il sera question :

De contacter l’énergie, de faire circuler, de respirer dans l’énergie

D’ouvrir et drainer les méridiens

De développer l’énergie, de transformer, d’assimiler et de stocker

 

 

On reviendra là-dessus, ce qu’il faut d’abord retenir c’est que:

le Qi gong est part intégrante de la MTC, que les maitres dont le nom est encore connu aujourd’hui étaient aussi des médecins. Qi gong est un terme relativement récent, dans les temps anciens on parlait de dǎoyǐn:   

 导引 pinyin: dǎoyǐn, « guidage et étirement ») est une forme de gymnastique douce  pratiquée dès l'antiquité, pouvant être associée à des exercices respiratoires (tǔnà 吐納/), des exercices de concentration mentale (cúnsī 存思) et une technique d'acupression (diǎnxué 點穴/点穴).

 

Exemple

-770-221(royaumes combattants) «  Inspire profondément, accumule l’énergie de l’air dans le dantian inférieur, retiens la respiration, puis exhale graduellement comme en soufflant dans une flute. Autorisez l’énergie à monter par le sommet de la tête. Ainsi vous éduquez votre E yang à monter et votre E yin à descendre. »

 

Ça a l’air facile ? C’est à la fois précis, imagé et peut être fumeux…flou car nous sommes confrontés à des termes qui demandent à être définis. A partir de telles indications partielles retrouvées par miracle, l’imagination peut s’emballer. (C’est du chinois traduit…sujet à interprétation).

Tout est là et pourtant cette petite phrase peut être sujette à mille distorsions possibles. Nous appréhendons l’écrit avec nos facultés mentales modernes alors que ces mots sont relatifs à des données expérimentales, à des réalités sensibles que le pratiquant aura évaluées. ll y a un monde entre ce qu’on lit et ce qui est écrit. Apprendre le qi gong et parvenir à évaluer ce que contiennent ces mots peut prendre en fait quelques années, l’excitation des neurones et la compréhension théorique n’a rien à voir avec le qi gong.

-Dans d’autres textes millénaires  les gestes sont décrits, l’usage des mains va consister à contacter, mouvoir et faire rayonner l’énergie.

 

-206bc-220ad dynastie Han, Hua tuo, médecin frustré de recevoir des patients en phase terminale décide de mettre l’accent sur la prévention : il crée (ou refond un style très ancien) :

 Le jeu des 5 animaux Wuqinxi encore pratiqué aujourd’hui. Il reprend des déplacements et des mimiques propres au tigre, au cerf, à l’ours, au singe, et à la grue.

Le tigre travaille sur le contracté-relâché, sur la force dans les tendons, sur le regard pour stimuler le foie/ relié à l’élément du Bois, à l’expansion, au printemps. La puissance, la force tranquille qui peut exploser à tout instant.

Le cerf travaille sur l’aisance, la fluidité, l’enroulement, la torsion de la colonne pour stimuler les reins/ relié à l’élément de l’Eau, à l’hiver, au yin, repli de la nature.

L’ours travaille sur le massage des viscères relié à la respiration, favorise l’enracinement stimule le système digestif, rate-pancréas/relié à la Terre intersaison, récolte ravitaillement engrangement

Le singe travaille sur le massage du cœur, la vitesse, l’amplitude et la respiration pour stimuler le cœur, la circulation sanguine/ énergie de l’été/ Feu, joie vivacité, dynamisme.

La grue travaille sur l’ouverture de la cage thoracique, sur la respiration, sur l’ouverture des articulations des membres supérieurs pour stimuler les poumons : élément Métal, automne.

 

-Encore en rapport avec la dynastie Han on a découvert à Changsa en 1973 une tombe contenant 2 traités sur le Daoyin et une peinture sur soie représentant les exercices.

 

581-618 Chao Yuan fang, médecin et pratiquant, mentionne qu’un pratiquant accompli peut émettre de ses mains un type de Qi curatif pour soigner ses patients.

581-682 Sun Simao un des plus fameux médecins de l’antiquité qui a laissé des traités encore en vigueur,  a aussi mis en valeur la pratique du Dao yin.

 

 

DESCRIPTION

 

5 branches

- Branche Taoïste : réintégrer le flux de la nature, la totalité tout en nourrissant le  principe vital

- Branche confucéenne : culture du Soi et de la vertu en tant que nature originelle, contrôle des passions axé sur la centralité et la sincérité (5 éléments/passions/ vertus : compassion, sagesse, sincérité, décence, justice) + 3 trésors Jing, qi, shen

- Branche bouddhiste : méditation, relaxation, clarté d’esprit pour atteindre l’éveil
+ techniques du pousser-aspirer (pression-dépression) pour pomper l’énergie

- Branche médicale :

Tuina-acupressure travail manuel pour libérer la circulation et harmoniser.

Emission du Qi pour diriger l’énergie vers des points, méridiens, organes spécifiques pour rétablir la circulation et dissiper la stagnation.

Thérapie en autocontrôle : prévenir ou guérir par la pratique personnelle des « formes » appropriées.

-Branche martiale : associe un travail interne de circulation et accumulation à un travail externe de circulation et fortification

 

 

LE QI EN TANT QUE FORCE VITALE, PRINCIPE VITAL.

 

Peut-être non-visible, mais directement traduit par notre état de santé. Notre santé et  notre vitalité dépendent directement de la distribution de notre Qi interne.

Manque de Qi= manque de vitalité, épuisement du Qi= mort.

 Très techniquement la mort et le vieillissement sont le résultat de l’épuisement du principe vital, la mort ne correspond pas à une séparation de 2 principes âme et corps. Conserver, nourrir le principe vital comme un trésor qu’on passe de génération à génération prend tout son sens.

 Ce n’est pourtant pas un travail de repli sur soi au contraire c’est une dynamique d’ouverture et de mise en relation, l’humain se met en relation immédiate avec le ciel et la terre.

 

 

AXE TERRE-CIEL

 

Qi céleste dont l’air est la part la plus matérielle dont nous nous nourrissons, il comprend la gravité, la lumière des astres qui descend vers nous. Il comprend aussi les phénomènes climatiques qui représentent une régulation du qi céleste.

 Qi terrestre qui correspond au champ magnétique de la terre et à son noyau, à la matrice qui nous porte. Les nourritures terrestres en sont la forme la plus matérielle. Les phénomènes de séismes et d’éruptions volcaniques traduisent une auto régulation du Qi terrestre

Qi humain : Dans sa relation aux éléments, l’homme est au centre de l’axe entre le ciel et la terre et son travail va consister à combiner et à exprimer les 2 qualités. Il sera capable de faire converger la force du ciel qui descend avec la force de la terre qui monte. Il comprend que son équilibre se nourrit des forces extérieures, des cycles naturels. Il apprivoise ces forces, s’en nourrit. Son corps physique, son énergie, sa conscience se nourrissent de ces relations et se transforment.

Le Qi céleste englobe l’humain et le terrestre comme la terre ne représente qu’une planète dans l’univers il faut garder les proportions.
Pourtant la construction de l’homme comme axe entre la terre et le ciel débute par un travail de consolidation du premier Dantian dans le ventre, relié à la terre, correspondant au corps physique et au corps éthérique qui l’enveloppe. Sur ce premier corps suite à un travail différent viendra s’emboiter le corps émotionnel relié au Dantian moyen dans la poitrine. A chaque étape de transformation la conscience s’élargira, ainsi de suite jusqu’à  ce que le corps spirituel relié au Qi céleste et situé dans la tête,  s’emboite harmonieusement sur les corps précédents.

 

Dans la vie quotidienne, ces corps sont présents mais ignorés, en friche, ou à l’abandon ; le travail de transformation du Qigong donne lieu à une réhabilitation.

 

 

TRAVAIL DE TRANSFORMATION   

 

Les traditions taoïstes et confucéennes parlent des 3 trésors situés sur le même axe terre et ciel et  qui sont le creuset des transformations   : Jing- Qi -Shen  .

 

Ils se référent à 3 niveaux de condensation du Qi : Jing l’essence vitale, est dense, Qi énergie vitale est subtil et Shen énergie spirituelle est la forme la plus raffinée. Ils sont étroitement reliés dans un lien de dépendance, c’est ainsi qu’on peut parler d’une construction car  dans leur développement l’un s’appuie sur l’autre.

 

Le travail c’est gong    dans Qi gong, c’est pour cela que le terme revient souvent. Plus qu’un travail (fastidieux) c’est une lente élaboration, plutôt passionnante !

 

A la base il y a le Jing  qui correspond à la naissance à la croissance et à la reproduction, autrement dit au système hormonal. Mais aussi à ce qui est transmis de génération à génération et à l’adn. Le Jing est inné, c’est le capital de vie ! Pour éviter qu’il ne s’épuise trop vite, Il devra être complété sans arrêt en conscience par le style de vie, les exercices  et la nourriture appropriée. On dit qu’il est stocké dans les reins. Dans le vieillissement c’est la force des reins qui faiblit le plus vite, os etc..
Il correspond au premier niveau de travail qui concerne le Dantian inférieur. 

 

 Le Jing est directement connecté avec le Qi originel qui sera activé par l’ouverture de Mingmen , la porte de la vie, le feu des reins, et la mise en œuvre du Dantian inférieur.

 

Le QI avec lequel nous entrons en rapport dans la pratique, au niveau le plus intérieur est le Qi originel, il se manifestera comme une chaleur bénéfique et un bien être qui baignera les organes et les méridiens. Le Qi le plus sensible extérieurement sera le Qi défensif qui est relié aux poumons et assiste le système immunitaire, il circule au niveau de la peau.

 

Le Shen, force spirituelle, correspond à la clarté et à la précision de l’intention, à la plasticité de la conscience, à la réalisation spirituelle qui dans le taoïsme s’appelle le retour au Tao.

 

En conclusion rappelons nous que le but de la pratique revient  à conserver son Jing, à renforcer et réguler son Qi  et à éveiller sa conscience.   

 

En termes de pratique quotidienne, il s’agit toujours de

 

-restaurer le Qi déficient/ remplir les reins, animer les poumons
-débloquer le Qi stagnant/ exemples foie- vésicule
-calmer le Qi irrité/ calmer le cœur
-toujours restaurer le mouvement /libre circulation/foie
C’est souvent la nécessité qui nous  amène au Qigong, plus que la recherche théorique.

C’est dans les temps d’adversité, je parle de maladie,  que l’efficacité du Qigong peut se révéler et s’imposer. Rappelons-nous pourtant qu’au départ il a été conçu comme une méthode de prévention et d’auto régulation.